• COUP DE GUEULE DE LA FONDATION ABBE PIERRE

    PARIS (AFP) - La Fondation Abbé Pierre, dans son rapport 2007 sur le mal-logement publié jeudi, dénonce le décalage qui s'est creusé ces dernières années entre la production de logements neufs et les besoins sociaux de la population.
    "On construit 76% des logements pour le tiers de la population le plus aisé", résume Christophe Robert, de la Fondation Abbé Pierre, qui accuse les pouvoirs publics d'avoir été "myopes aux besoins sociaux" au cours des dernières années.
    "Société et logement connaissent des évolutions inverses", souligne la Fondation dans son 12e rapport annuel: d'un côté la demande se fragilise, de l'autre le logement connaît un renchérissement et devient inaccessible au plus grand nombre. "Les classes moyennes sont dupées et les classes populaires sont oubliées", souligne le rapport.
    Même si en 2006 comme en 2005, les mises en chantier ont atteint des chiffres record depuis 25 ans (respectivement 430.000 et 410.000), la part des logements qui seront attribués sous conditions de ressources ou à des loyers inférieurs à ceux du marché ne représente que 41% de la production, contre 67% en 2000.
    La Fondation souligne par ailleurs que la progression globale du nombre de logements sociaux financés depuis 2004 "tient essentiellement à l'augmentation de l'offre locative intermédiaire (...) inaccessible à la grande majorité des 1.300.000 demandeurs de logements sociaux".
    A l'inverse, le nombre de logements construits destinés à des ménages qui peuvent se loger sans aide a plus que doublé, passant de 100.000 en 2000 à 260.000 unités en 2006.
    "Il ne faut donc pas s'étonner du décalage considérable entre l'appréciation favorable de la situation, émanant des responsables de la politique du logement, et celle des Français préoccupés par la rareté des logements proposés à des prix abordables", souligne le rapport.
    Que ce soit dans le secteur locatif public ou privé, la dérive est la même. A titre d'exemple, la Fondation cite le cas de Lyon : aujourd'hui, seulement 6% des logements privés ont un loyer de niveau HLM, contre 50% en 1990.
    A cet égard, la Fondation accuse l'Etat d'avoir affecté, ces dernières années, les ressources publiques à promouvoir des produits immobiliers qui ont contribué à l'affaiblissement du rôle social du parc privé. Ainsi, souligne-t-elle, le dispositif "Robien" a-t-il contribué à la hausse des loyers privés.
    La dégradation des situations sur toute la chaîne du logement, souligne-t-elle, a "des effets dévastateurs pour les plus fragiles" contraints de se loger dans toutes sortes d'habitations "indignes" : squats, bidonvilles, campings, caves...
    L'"imprécision" des chiffres de ce "non-logement", ajoute la Fondation, ne doit pas conduire à minorer l'importance du phénomène. Elle en veut pour preuve, par exemple, la "flambée" des demandes de domiciliation administrative et postale.
    Selon Christophe Robert, ce type d'inscriptions auprès des associations est passé du simple au triple en cinq ans : à La Rochelle, l'association l'Escale a reçu 1900 demandes de domiciliation en 2006 contre 350 dix ans plus tôt.
    Une deuxième mesure, a-t-il précisé, est l'inscription à l'école d'enfants qui n'ont pas d'adresse: en Seine-Saint-Denis, ce serait le cas de 20.000 enfants.

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